Okinawa (jour 5) : Vallée de Gangala
Pour notre dernier jour plein à Okinawa pas de chance, nous avons droit à la pluie ! Au courant de cette météo exécrable nous avons décidé la veille d'annuler notre dernier voyage en ferry qui devait nous emmener sur l'île de Tokashikijima ou minnajima, projet se révélant peu rentable en cas de fortes précipitations… Nous nous sommes donc orientés, grâce aux conseils avisés des employés de l'office du tourisme de Naha, vers une espèce de parc d'attraction « culturel », Okinawa World, et La Vallée de Gangala, site naturel qui se visite accompagné d'un guide. Notre choix n'était pas encore fait et nous avions décidé de nous rendre sur place afin de jeter notre dévolu sur l'un ou l'autre de ces sites, les deux se situant au même endroit (sud-est de l'île d'Okinawa).
Direction donc le lendemain, vers la station de bus de Naha. Après environ une heure de trajet, nous voici sur le parking d'Okinawa World, où une pluie fine commence à tomber. Nous nous rendons dans un premier temps au guichet de ce parc et voyons qu'il s'articule comme une sorte de parc d'attraction dans lequel une partie est accessible gratuitement et d'autres sont payantes. Il est encore tôt et nous décidons donc de nous rendre à Gangala pour faire notre choix. Arrivés à l'entrée de Gangala, le site fascine déjà par son café aménagé dans une grotte naturelle au plafond couvert de stalactites. Après un entretien avec l'une des personnes en charge des visites, celle-ci nous convint de l'attrait du lieu, notamment du fait que le site de Gangala est un site entièrement naturel, contrairement à Okinawa World. Nous décidons ainsi de nous inscrire à la visite guidée de 13h00, ce qui nous laissera le temps d'explorer Okinawa World et plus particulièrement son attraction basée sur les serpents d'Okinawa : les habu !
Nous sommes arrivés pile pour le début du show, et ne savions pas du tout à quoi nous attendre ! Après l'entrée de l'animateur, celui-ci nous explique le déroulement du spectacle et nous donne une consigne ma foi fort rassurante : si jamais vous voyez que je quitte la scène en courant, alors il y a danger et vous pouvez fuir !! Le ton est donné ! S'en suit un show impressionnant avec la présentation d'un habu d'un bon mètre cinquante, manipulé habilement par l'animateur. Ensuite une petite expérience scientifique : un habu dans sa cage voit s'approcher de lui deux ballons remplis respectivement d'eau chaude et d'eau froide. Devant le ballon d'eau froide, aucune réaction ; devant le ballon d'eau chaude, attaque furieuse et fulgurante, le ballon explose (et le pauvre habu est trempé… maltraitance, diront sans doute certains…). Conclusion : les habu repèrent leurs proies grâce à la chaleur. S'en suit une nouvelle expérience : dans deux tubes se trouvent une mangouste et un serpent de mer d'Okinawa, magnifique et extrêmement venimeux serpent bleu et noir. En-dessous d'eux, un bassin rempli d'eau. Le but : déterminer le plus rapide ; et oui, il s'agit bien d'une course ! Les deux animaux sont lâchés dans leur tuyau d'eau à usage personnel et filent vers l'arrivée……. Et le vainqueur est….. La mangouste !! Plus rapide en effet que le serpent de mer. Après ces distrayantes expériences, nous passons aux choses sérieuses, et c'est cette fois-ci un cobra qui fait son entrée. Et enfin, en guise de final, séance photo avec un bon gros python tout tranquille !!
Après ce court show, nous avons pu profiter du musée des habu et apprendre de nombreuses choses passionnantes sur cette espèce, que je ne partagerai pas ici, pour ne pas être trop long ! Nous avons ensuite vagabondé quelque peu dans le parc jusqu'à trouver un petit restaurant où nous rassasier après toutes ces émotions reptiliennes. Au menu : soba d'Okinawa pour moi et sushis non-identifiés pour Coraline (peut-être du serpent, allez savoir !). Après cette pause salutaire, une vendeuse nous informe que le spectacle de danse bat son plein et que nous devrions y aller. C'est parti.
Quand on regarde les danses et chants d'Okinawa, on se rend compte du gouffre qui sépare les cultures japonaises et okinawaïennes et les influences chinoises clairement visibles dans ces dernières : c'est très coloré, surtout de rouge, avec beaucoup de danse, des dragons qui ondulent et croquent la tête des volontaires, la foule est invitée à danser au milieu… Bref un régal, le tout orchestré au son des tambours et des sanshins, l'instrument traditionnel d'Okinawa.
Voici une vidéo de ce que l'on a vu. (Coraline : j'aime particulièrement le "lion/dragon" !)
Mais il est temps de se rendre à Gangala et d'en apprendre plus sur ce lieu aux allures mystiques.
Gangala est donc un site naturel de fouilles archéologiques. La roche qui constitue les grottes est en fait du corail datant de l'époque où le lieu était encore submergé. Lorsque le niveau de la mer a baissé, il ne restait plus qu'une rivière qui s'écoulait en fait à l'endroit même de l'actuel café. Il y avait donc, des centaines d'années de cela, une rivière souterraine parcourant le site de Gangala. Le site fut ensuite transformé en parc, mais du fait de son sol instable et des effondrements de divers plafonds rocheux, il fut fermé pour n'être ré-ouvert que récemment en tant que site de fouilles et de visites guidées.
Lorsque l'on sort de la première grotte, une chose frappe : l'aspect de la végétation. Elle est ici farouche, dense et désordonnée. On se croirait véritablement à la préhistoire, tant celle-ci paraît intacte et intouchée par l'homme. Ajoutez à cela la fine pluie qui brille dans les rayons du soleil qui percent la dense canopée, et vous avez là un paysage vraiment enchanteur, et pour me répéter, à l'atmosphère mystique. La balade est rythmée par les commentaires passionnants de la guide, qui parle un japonais d'une clarté exceptionnelle et qui du coup est très facile à comprendre. Adorable, elle s'arrête souvent pour nous demander si nous avons tout compris et nous donne de plus amples détails au fil de nos questions. L'une des caractéristiques de Gangala est la présence dans cette vallée « d'arbres qui marchent ». Littéralement des arbres dont les lianes tendent à se raccorder au sol avec le temps, et à constituer ainsi de nouvelles racines. Ce faisant, les racines « arrières » de l'arbre en viennent à se détacher, et l'arbre se meut au fil de cette avancée de ses racines. Proprement fascinant ! Mais il n'y a pas que la nature qui fascine à Gangala, en effet, les fouilles menées ici révèlent une histoire encore plus incroyable. Sortez vos cahiers, c'est le début de la leçon d'histoire.
Les découvertes archéologiques permettent de faire remonter l'activité dans la vallée de Gangala à quelques 18 000 ans en arrière. À cette époque, les habitants des lieux étaient les Minatogawa, sortes d'ancêtres des habitants d'Okinawa, voire des Japonais ! Enfin, tout n'est pas si simple, puisque certaines théories avancent que les Minatogawa se sont peut-être tout simplement éteints et ne constituent pas forcément les ancêtres des occupants actuels d'Okinawa. Les chercheurs ont trouvé ici des restes d'ossements quasiment intacts de l'un de ces Minatogawa, ainsi que des bijoux, dans l'une des grottes qui aurait donc constitué leur principal lieu de vie. Mais les découvertes incroyables continuent puisqu'au sein de la vallée nous avons pu observer deux autres grottes qui étaient en fait des lieux de culte des Minatogawa. L'un était dédié à la divinité des femmes et l'autre à celle des hommes. Comment savons-nous cela et pourquoi cette séparation ? Rien de plus facile : au fond de la grotte des femmes, des stalactites ont clairement des formes de poitrine et de fesses, tandis que dans celle des hommes, une stalactite massive rappelle une forme phallique !! Étonnant n'est-ce pas ? Nous sommes donc ici en face de lieux de culte qui datent d'environ 18 000 ans, dans un état incroyable de conservation. Bref la vallée de Gangala est un lieu qui ne laisse pas indifférent et nous ne regrettons finalement pas du tout d'avoir « sacrifié » un jour sur une île pour profiter de cette découverte enchanteresse et enrichissante. Ah, mais au fait, j'ai oublié de vous dire pourquoi la vallée de Gangala s'appelle ainsi. Il y a de cela très longtemps, l'une des grottes de Gangala était en fait un puits, et les gens de l'époque avait pour coutume d'y jeter des pierres. Après avoir lancé la pierre, ils entendaient ceci : « Gan, gan, gan, gan…. Gala, gala, gala, gala………. ». C'est aussi simple que cela.
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