Ascension du mont Ômifuji
Cette fois-ci, c'est moi qui prend la plume (ou plutôt le clavier…) pour écrire le compte-rendu de la sortie du dimanche 22 septembre. Coraline n'a pas pu y participer à cause de son travail au café français. Cette sortie était organisée par le Kyoto Guide Club, association dont le but est de faire découvrir des attractions qui ne sont pas dans les guides de voyage et à côté desquelles les étrangers pourraient passer. Nous avons découvert cet organisme à la Kyoto International Community House. Leurs activités sont organisées par des Japonais et à destination des étrangers. Le thème de cette fois-ci : ascension d'une montagne et sanctuaire shintô, tout ce qu'on aime !
Me voilà donc tôt réveillé afin de prendre le métro jusqu'à la gare centrale de Kyôto. Un changement de ligne et une trentaine de minutes plus tard, me voilà en quête du point de rendez-vous des membres du Kyoto Guide Club. Sur la fiche que nous avions, il était écrit RDV au guichet d'achat des billets du JR (Japan Rail) à 9h00. Je suis un peu en avance et décide d'attendre sagement au lieu de rencontre. Les minutes défilent et je ne vois personne… 9h00 passées, je commence à me demander si je suis au bon endroit et explore un peu les alentours à la recherche d'un groupe qui pourrait être le Kyoto Guide Club… Sans succès, le gens vont et viennent, se hâtent vers les quais ou vers les guichets, mais je ne trouve personne. A 9h15 je reçois un coup de fil de l'une des membres qui me demande si je viens bien à la randonnée d'aujourd'hui, je lui réponds que oui et lui indique que je suis au guichet d'achat des tickets. Elle me demande d'attendre, quelqu'un va venir au devant de moi. Cinq minutes plus tard, nouveau coup de fil, un homme cette fois, qui me demande où je suis, puis me dit qu'ils sont sur le quai numéro 2 et que je dois les rejoindre pour prendre le train qui part dans moins de cinq minutes ! Ni une ni deux, je me précipite aux guichets, vérifie la gare d'arrivée (Yasu 野洲) et prend le ticket correspondant. Ensuite, direction le quai numéro deux, au pas de course. Je monte les marches le plus vite possible pour finalement arriver sur le quai… et voir le train filer juste devant mes yeux… Je regarde le panneau d'affichage et heureusement pour moi, un autre train part dans quelques minutes pour cette même destination. Il ne s'agit cependant pas d'un train rapide et il s'arrêtera donc à tous les arrêts, je serai donc en retard…
Après environ trente minutes de train, me voilà à Yasu, petite ville au nord-est d'Ôtsu 大津, près du lac Biwa (au nord-est de Kyôto). Je retrouve à la sortie de la gare une partie du groupe qui m'a gentiment attendu. Pour rattraper le temps perdu, nous allons au point de regroupement non pas à pieds, mais en taxi. Ce point de regroupement c'est le sanctuaire Mikami 御神神社 (sanctuaire shintô dans lequel les Japonais vénèrent Amenomikage no mikoto 天之御影命, l'arrière petit-fils d'Amaterasu 天照, la divinité solaire du panthéon shintô). Il s'agit d'un magnifique sanctuaire, au cœur d'un petit bosquet d'arbre et par lequel on accède via une route bordée de lanternes en pierre. Après une petite introduction des organisateurs, ces derniers nous expliquent le rituel de purification à exécuter dans l'enceinte des lieux sacrés (déjà exposé dans un précédent article). Le temps de prendre quelques photos et en route vers la montagne. Le passage au sanctuaire fut très bref, dommage que nous ne nous soyons pas attardés davantage mais la religion, les sanctuaires et autres lieux divins ne semblent guère captiver la foule…
Avant d'entrer dans la montagne (oui au Japon on peut entrer dans la montagne ou l'escalader, question de contexte. Les marcheurs l'escaladent, les yamabushi y entrent, je vous laisse faire des recherches sur les yamabushi, et ferai une interrogation à ce sujet pour voir qui a fait ses devoirs)… Avant d'escalader la montagne donc, nous pouvons aller une dernière fois aux toilettes et au conbini pour faire le plein de vivres. Après, terminée la civilisation, place à la nature et à la montagne sacrée. Cette montagne c'est le mont Mikami 三上, également appelé mont Ômifuji 近江富士 (au Japon, toutes les montagnes ou collines qui ont une forme « parfaite », bien arrondie et pointue, sont appelées Fuji, le Fuji-san en étant la plus belle incarnation). D'après le Kojiki (l'un des principaux recueils des mythes japonais datant du VIIIe siècle) Amenomikage (l'arrière petit-fils de tout à l'heure) se posa sur cette montagne après être descendu du ciel. Nous voici donc, poignée de barbares étrangers que nous sommes, escaladant cette petite montagne d'environ 500 mètres d'altitude et chargée de symbolique religieuse. Sans difficulté particulière, la balade s'est avérée fatigante du fait de la chaleur écrasante (qui ne nous lâche pas depuis notre arrivée), et du dénivelé assez important de l'ascension.
Au bout d'1h30 d'effort, nous atteignons enfin le sommet. Séance photo pour tout le monde devant la magnifique vue qui s'offre à nous. Le lac Biwa s'étend à perte de vue et une petite brise se fait sentir, bien agréable. Derrière ce point de vue, un torii (portique indiquant l'entrée dans un lieu sacré) et un autel shintô dédié sans aucun doute à Amenomikage. Pause déjeuner, séance photo, échange de carte de visite (la troupe est hétérogène : des Américains, un Belge, un Camerounais, des Chinois, et bien d'autres…), et c'est parti pour la descente. Finalement, les descentes, c'est presque plus fatigant que les montées, les jambes en prennent un sacré coup. Au bout du chemin, un joli parc nous attend, aire de repos par excellence avec son petit café qui propose des boissons, glaces et autres sucreries. Les organisateurs en profitent pour nous faire remplir un petit questionnaire de satisfaction. Tout le monde semble ravi, le club a rempli sa mission : faire découvrir un endroit méconnu qui n'apparaît pas dans les guides de voyage.
Mais la journée n'est pas terminée. Il faut retourner à la gare. En temps normal, nous aurions pu retourner dans la forêt et reprendre un autre sentier pour traverser, or, à cause du récent typhon, ce chemin n'était pas praticable. Nous avons donc dû contourner la montagne et passer par la ville pour rejoindre le train. Moins glamour, mais bon, nous n'avions pas le choix. De retour en fin d'après-midi, tout le monde s'attend et lance un « O-tsukare-sama deshita ! » que l'on pourrait traduire par « félicitation pour le travail que nous avons accompli ensemble ». Allez, achat des billets, trente minutes de train, les adieux à la gare de Kyôto, trente minutes de métro et au dodo !