Une année à l'étranger...

Hidaka, wwoof

Je ne sais par où commencer. J'ai donc passé un mois avec Hisae et Kiyoshi, un couple d'une soixantaine d'années qui s'occupent seuls de leurs 48 chevaux dont leurs 37 chevaux Pur Sang Arabes, été comme hiver. Ils sont heureux de recevoir des jeunes qui font du wwoof comme moi car cela les aide beaucoup, et encore plus quand ils s'y connaissent en chevaux et qu'ils savent parler japonais. Car dans la majorité des cas, ils reçoivent des jeunes qui ne s'y connaissent pas en chevaux, et de temps en temps des jeunes qui ne savent pas très bien parler la langue, donc cela n'aide pas forcément.

 

Je pense que je vais vous décrire une journée avec eux. Il y a tant à dire !

Chaque matin, Hisae et Kiyoshi vont nourrir les chevaux à 5h30. Oui oui c'est tôt... Et moi elle m'a dit que je pouvais dormir. J'avoue avoir été flemmarde et avoir accepté... Je suis allée une fois les nourrir à 5h30, ben j'étais vraiment dans le coaltars, et à 6h je suis vite retournée me coucher pour me relever à 7h, et la journée j'étais KO. Donc bon, il est vrai j'ai choisi la solution de facilité.

Ensuite, tous les matins à 7h30 nous nous retrouvions ensemble dans leur maisonnette (car il y en avait deux) pour prendre le petit-déjeuner. Le rituel : c'est le drama japonais (série TV) qu'ils attendent avec impatience qui dure 20 minutes. Hisae préparait toujours le petit déjeuner, vraiment copieux, et hop tous à table jusqu'à 8h environ. Que mangions nous ? Hélas, pas comme en France... Riz, soupe Miso, et puis ça changeait ensuite : parfois du poisson (mes pires petits déjeuners...), parfois du fromage, parfois du yaourt avec des fruits (ces jours là j'étais aux anges), parfois on buvait du lait (et le lait de Hokkaidô est un pure délice !)... Mais dans l'ensemble donc, petit-déjeuner salé. A 8h, quand tout le monde avait terminé, je faisait la vaisselle puis j'allais me reposer dans ma chambre (une fois, on a regardé un film sur les chevaux, c'était super cool !).

 

 

A 9h, c'est le début de la journée disons. Direction l'écurie ! A l'intérieur, tous les chevaux. Là c'est la surprise : quel cheval se sera sauvé ? La plupart du temps, on retrouve Micky, le petit poney Shetland noir et blanc, en plein milieu, ou alors dans un box (avec sa copine Season Final, l'air de rien). Des fois il n'y en a que 2, et une fois 8 chevaux se sont sauvés, pas cool. On sort alors tous les chevaux (ou presque, certains font les réticents), hop hop hop dehors ! Puis on s'occupe de nettoyer les box, pendant que les chevaux dehors s'éclatent, galopent, jouent... Vider les box, ça nous prenait entre 30min et 1h. Ensuite, il fallait sortir tout le crottin avec les brouettes, donc pareille une demi-heure environ. Puis nous prenions le foin des gros rouleaux situés au milieu de l'écurie et nous en disposions un peu devant tous les box afin que les chevaux rentrent dans leurs box. Vers 10h30 - 11h00 donc, on rentre tous les chevaux qui se précipitent dans leurs maisons. Certains se trompent, alors le cheval qui arrive et qui voit un "intrus" dans sa maison n'est en général pas très content. Certains piquent le foin des autres en passant avant de rentrer dans leurs maisons. Bref, des coquins ! Quand tout le monde est à sa place, les box bien fermés, en général Kiyoshi arrive avec des bidons de betterave dans de l'eau chaude. Et là, c'est l'excitation dans les box, les chevaux se "battent", se disputent, hennissent... Cela devient bruyant ! On met du mélange dans des bidons, et chaque cheval a son bidon. Ceux dans le grand parc mangent dans la mangeoire, on dispose plein de foin et la betterave par-dessus. Et puis là, le calme ! On donne ensuite tranquillement tout plein de foin à chacun, et ils sont contents !

 

 

Si on a le temps, soit on monte à cheval, soit on s'occupe de l'eau, et parfois ben il est déjà midi donc on rentre se reposer et manger, nous aussi. Les fois où on s'occupait de l'eau, ben c'est tout simplement parce qu'il fait tellement froid (en moyenne -15°C, de temps en temps cela remontait jusqu'à 0°C parfois, et une fois nous avons eu -20°C en journée) que l'eau qu'il reste dans les bidons gèle. Donc on cassait la glace et on donnait le reste d'eau aux chevaux, et parfois il ne restait plus que de la glace, donc on retournait le bidon pour casser toute la glace ainsi que celle accrochée comme une sangsue sur les parois (le tout avec un gros marteau !), et on vidait le tout. Ensuite, remplir les bidons c'était tout une épopée. Il fallait amener l'embout de l'énorme tuyau à l'extérieur jusqu'à un trou creusé par leurs soins avec, dessous, l'eau de la montagne s'y écoulant. Il fallait le brancher à une machine qui est reliée par un fil électrique, sûrement pour aspirer l'eau. Puis rentrer dans l'écurie, mettre l'autre embout du tuyau dans les tuyaux, et brancher la prise de courant. Et parfois, l'eau ne sort pas... Alors c'est la galère. En tout, on remplissait toujours 3 bidons plein pour la moitié des chevaux dans le grand parc, et 4 bidons aux 3/4 pour les autres chevaux dans les box. Et puis ensuite, il faut amener ces 4 bidons à chaque cheval, petit à petit, donc ben celui d'à côté râle, gratte, ronfle... Et les chevaux boivent donc en moyenne 1 à 2 fois par jour, uniquement. Quand ils sortent, ils ont accès à la rivière plus haut, mais je doute que tous aillent réellement boire.

 

Le midi donc on rentre, on se change, et on va manger. Hisae préparait toujours une super bonne cuisine. J'aurais goûté de tout, toujours différent, toujours excellent. Elle m'aura préparé des Okonomiyaki, du Daikon (radis japonais), des salades de chou et carottes, de la "Nagaimo" (littéralement, "longue pomme de terre", une texture extérieure rugueuse avec des poils, et une fois épluchée toute lisse, on la râpe et on en fait une sorte de "yaourt" qui est, selon moi, excellent mais un peu visqueux il est vrai), nous avons fait des crêpes ensemble aussi, des pancakes, gâteaux et muffins, tempura de poissons et de légumes, des dango de pomme de terre et de potiron... Bref, j'en passe, j'ai découvert tout plein de saveurs, comment cuisiner à la façon japonaise ainsi que les légumes que nous ne connaissons pas, mes papilles ont été comblées. En boisson, c'était soit l'eau de la montagne, soit du thé, soit du thé au citron, soit du lait. Chaque midi était un grand moment de plaisir, on papotait ensemble, et j'ai énormément progressé à leurs côtés.

 

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Nous nous reposions ensuite jusqu'à 3h, et nous nous retrouvions à l'écurie pour à nouveau nettoyer les box (beaucoup plus simple, cela ne nous prenait en tout qu'une heure maximum et nous ne sortions pas les chevaux) et nourrir tout ce petit monde affamé. En général, à 3h c'était mon moment préféré : les chevaux avaient le ventre plein et étaient tous très calmes. Souvent, en arrivant certains étaient couchés et j'ai pu, par exemple, m'asseoir aux côtés de la petite Rainy, pouliche de 7 mois. C'était le moment où les chevaux étaient vraiment proches, ils étaient contents qu'on vienne dans leur box. Les 4 poulains de 2 ans se regroupaient souvent autour de moi et posaient leur bout du nez sur mes épaules et ma tête, et jouaient parfois avec mon bonnet. Ils étaient adorables. Dream Run Run quémandait les caresses depuis qu'elle avait appris à me faire confiance, et je venais la grattouiller, du coup sa copine de Box (Sandy Hidaka) s'est dit que ça devait pas être si mal et venait à son tour me bousculer gentiment pour se faire caresser. Quand à Happy, dans le box d'à côté, en arrivant elle couchait les oreilles et me menaçait constamment, mais j'ai trouvé son point faible (au niveau de l'auge, sous les joues), et depuis nous sommes devenues de grandes amies, alors en général j'avais Dream, Sandy et Happy qui me quémandaient des caresses, j'alternais pour que toutes soient satisfaites. Il y avait aussi Enzan, un étalon de 5 ans, un gros nounours pot de colle qui adorait aussi poser son nez sur mes épaules et ne plus bouger. Il me suivait partout, mais parfois son copain Kunjirô venait lui mordre l'encolure histoire de lui dire de s'éloigner de son box, alors hop il se recollait vite fait à moi depuis l'autre côté du box. Bref, chacun avait son petit caractère, mais à ce moment, c'était vraiment agréable d'être avec eux.

 

Puis vers 4h nous donnions le foin à tous, et là ça s'activait à nouveau. Une fois tout le monde la panse bien remplie et bien réhydraté, nous terminions notre journée. Ah, et j'oubliais de vous parler des 3 chats qui nous accompagnent dans ce petit rituel ! 3 frères et sœurs d'un an environ, très sociables qui chaque matin attendaient la nourriture, puis réclamaient les caresses. Tous s'appelaient "Mii-chan", et c'étaient de vrais pipelettes ! L'une des 3 ne cessait de grimper sur ma jambe, jusqu'à mes épaules, si si ! Hop hop hop, tout doucement, jusqu'à se retrouver en haut pour fourrer sa tête dans mon écharpe, et rechercher la chaleur. Parfois, elle restait accrochée à la jambe et ne bougeait plus, pendant que je marchais ou m'activait. Une fois elle a aussi réussi à passer sous mon pull, donc elle grimpait par-dessus ! Quelle comique. Et elle faisait tout pour parvenir à ses fins, même en la repoussant avec le balai, elle revenait à la charge, slalomant et cherchant les jambes ! Le petit mâle lui se contentait de se mettre debout pour recevoir des caresses. Et la deuxième petite femelle grimpait sur les barres de bois des box des chevaux en miaulant, l'air de dire "regarde je suis là, tu me caresses ?", et parfois, à la fin de la journée, je les prenais les 3 dans mes bras et j'avais alors un concert de ronrons. Parfois cependant, les chiens nous accompagnent à l'écurie, et là c'est sauve qui peut ! Les chats se mettaient en hauteur, les yeux en billes, les chiens les cherchaient de partout. Choro, la femelle, nous suivait sagement, faisant des allers et retours dans l'écurie comme si elle surveillait les chevaux. Choropi, son fils, quand il ne cherchait pas les chats comme un fou, se couchait dans les tas de foin que nous faisions pour les chevaux, et alors là impossible pour moi de récupérer le foin, il attaquait le râteau avec une agressivité folle. Quand il tournait le dos, hop j'en profitais ! Les chevaux attendaient !

 

Le soir, en sortant de l'écurie, nous avions toujours un magnifique coucher de soleil sur les montagnes en face. Quasiment tous les soirs, j'allais me balader 30min à 1h. Et une fois je l'ai aussi fait 2h, la nuit tombait et je suis rentrée vite fait ! C'était vraiment agréable, mais on sent le froid tomber d'un coup lorsque le soleil se couche. Puis je me reposais un peu avant de rejoindre ma famille vers 6h30 pour manger. Après manger, c'était l'heure du bain, typiquement japonais : une baignoire est remplie pour toute la famille, et on se lave à côté dans la pièce. Une fois propre, on rentre dans le bain super chaud et on se relax en fait. Puis je remplissais mes petites bouillottes (essentielles pour la nuit !!), et je rentrais.

 

 

Voilà pour les journées que nous passions, tous les jours.

Je vous referai un petit article sur mes balades à cheval, ainsi que sur les sorties que j'ai faite avec Hisae, et les petits trucs sympathiques qui ont ponctué ma vie pendant un mois.



22/02/2014
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