Une année à l'étranger...

Amanohashidate 天橋立

Voilà, Claire est arrivée à bon port ! Le temps passe déjà bien vite depuis.

Ensemble, les deux premiers jours nous avons exploré quelques parties de Kyôto : nous sommes allés visiter le Kiyomizu Dera (et Claire a été prise en photo avec un Sumo !!) et nous avons visité les sanctuaires et temples autour de chez nous, ainsi que les petites allées sympathiques tout près d'ici. Puis nous sommes allés visiter le magnifique Ninna Ji (qui vaut vraiment le détour, l'intérieur est de toute beauté, les dessins sur les portes sont à couper le souffle, le jardin nous laisse bouche bée, et la porte est certainement celle que j'ai préféré). Nous avons continué notre chemin jusqu'au fameux Ryôan Ji, ce fameux temple zen avec son jardin aux 15 pierres. Bon... J'ai beaucoup moins adhéré, autant vous dire que j'ai été déçue. Mais peut-être n'est-ce que moi. Je pourrais dire que j'y suis allée, que je l'ai vu. Mais je n'y retournerai pas volontiers. Même son grand jardin et son étang ne m'ont pas vraiment surprise. Puis nous avons pris le bus jusqu'au Kinkaku Ji, où j'ai attendu Claire pour avoir déjà vu ce magnifique temple, mais que j'ai été heureuse de voir une fois et pour lequel je ne payerai pas une seconde fois pour le voir (contrairement à d'autres comme, par exemple, Eikandô).

Donc voilà, de beaux moments bien agréables malgré tout.

 

Mercredi, nous sommes ensuite partis pour Amanohashidate, sur la côte longeant la mer du Japon, au nord-ouest du Japon. Amanohashidate signifie "le pont du ciel". Ce lieu est considéré comme étant l'une des trois plus belles vues du Japon. Nous avons pris le train très tôt c'est à dire à 6h40 car nous avions de la route dont plusieurs changements, pour arriver à 10h15 là-bas. Une fois sortis de Kyôto, à partir de Arashiyama, les paysages ont été sublimes. On change du tout au tout, on passe de la ville à la montagne, puis à la campagne. Et enfin, on retourne à la montagne, pour arriver sur la côte et être pris en sandwich entre mer et montagne. Moi qui pensais dormir, eh bien nous avons profité du trajet pour nous en mettre plein la vue. Pas le temps de dormir ! Cela ne fut donc pas si long, seulement il ne faisait pas très chaud malgré les sièges chauffants et pendant les transferts on avait un peu froid quand même ! Et puis, il y avait tellement de brouillard, on se disait que la journée serait moche. Finalement, en arrivant, le brouillard a disparu, il faisait certes nuageux mais le temps semblait meilleur. Ouf... C'est partit !

 

Nous avons commencé par poser des tas de questions à l'office de tourisme ! J'avais remarqué une petite randonnée jusqu'à Ôeyama, une montagne qui nous permet de voir le chapeau des autres montagnes avec, dessous, une mer de nuages. Mais en demandant comment y accéder, la dame m'a dit qu'il y avait de la neige et que ça n'était peut-être pas praticable, selon elle il y avait environ 20cm de neige. Bon... Nous verrons. Nous prenons la rue, en face nous repérons le onsen de Amanohashidate (Chie no Yu). Nous nous baladons dans les petites boutiques, repérant les spécialités de Amanohashidate et de la péninsule de Tango : ici, le poisson et les fruits de mer sont rois, et notamment le crabe. Le sake semble aussi assez fort prisé. Dans une des boutiques, des poissons et des poulpes ont été vidés et sont en train de sécher au soleil sur des tiges de bois, un peu comme quand nous on fait griller le poulet. Les poulpes eux sont pendus par des fils attachés au toit et la peau grille au soleil. Eh bien... ça sent le poisson ici ! Un peu plus loin, de pauvres crabes (et c'est la partie triste et je n'ai pas pu rester à regarder ce spectacle désolant) attendent les uns sur les autres dans un grand aquarium, avec des étiquettes aux pinces, d'êtres choisis pour être dégustés...

 

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Nous prenons sur notre droite, et nous arrivons au fameux temple de Amanohashidate : Chion Ji. Le temple populaire de Amanohashidate, situé à deux pas de la mer et sur le chemin vers la fameuse langue de sable de l'endroit. Très beau, une très belle porte, un beau jardin (avec son chat qui s'y promène, noble chat des temples), et de très belles statues. Sur les pins, sont accrochés de petits éventails de bois que l'on achète au temple, et qui donnent une prédiction (Omikuji) ; au Japon, la coutume est d'acheter la prévision (ici sur les éventails, parfois sur de petits papiers simples, parfois en forme d'oiseau... tout dépend du temple ou du sanctuaire), si elle est bonne on la garde, si elle est mauvaise on l'accroche à l'arbre afin que les malheurs prévus s'envolent. Mais aujourd'hui, je pense aussi que de nombreuses personnes accrochent la prévision bonne ou mauvaise pour faire joli sur l'arbre. En tout cas, c'était vraiment magnifique ces petits éventails ! Nous nous sommes purifiés autour de la sculpture dans laquelle brûle l'encens des visiteurs, et nous avons grimpé les marches pour pénétrer dans le temple. L'intérieur était magnifique, j'ai vraiment aimé les tableaux aux murs du temple. L'un d'eux était assez "trash", avec certainement une vision de l'enfer ne donnant pas très envie d'y aller ! Tandis que d'autres représentaient des samurais, dont l'un à cheval qui a particulièrement attiré mon regard. Nous avons fait réaliser notre Shuin bien sûr, et nous sommes repartis.

 

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Nous sommes allés dans la ruelle principale, et nous avons été attirés par un très beau restaurant, dont le menu, à base de poissons et de crustacés bien sûr, nous semblait parfait, et pas bien cher ! Nous voilà à nous installer, dans la grande salle à côté un groupe est attendu, les tables et les plats sont préparé, magnifiques. Et nos plats arrivent ! Claire a commandé un Buri Don, un plateau avec un bol de nouilles Udon avec un gros bol de riz sur lequel sont placées des lamelles de poisson cru (la limande, apparemment, Yellowtail), Ed' a pris un bol de riz avec dessus un tartare de thon cru accompagné de Udon aussi, et moi un gros bol de riz avec des lamelles de poisson cru (je ne sais plus de quel poisson il s'agit !) et une eau chaude à base de dashi à verser dans le riz, accompagné de crevettes. Tous nos plats étaient servis avec du thé vert et des petits condiments (Tsukemono). La salle était magnifique, la présentation d'autant plus belle, et le goût... parfait ! Un pur régal pour les papilles, un petit bonheur. Une personne en face avait pris un gros crabe et mangeait la viande sur les pinces, c'est vrai que c'est la spécialité, mais j'avais du mal... Du coup nous n'aurons pas tenté le crabe (dommage je pense).

 

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Nous revoilà partis, le ventre plein (trop !), et nous traversons le pont qui lie Amanohashidate à la langue de sable (et qui s'ouvre au passage de gros bateau, mais cela est rare et nous n'aurons pas eu l'occasion de le voir en mouvements). Nous nous arrêtons sur une plage blanche, le ciel est couvert et les photos ne sont pas au top, mais c'est beau quand même. Nous sommes bien couvertes ! Petite tentative pour toucher l'eau, mais seule la main le fera ! J'avais oublié mon maillot !!! Mais de toute manière, je n'aurais sûrement pas eu la fois de me baigner, d'une parce que l'eau était très froide, et de deux la flemme de se changer ! Rien que d'enlever les chaussures me semblait embêtant. Donc nous ne nous serons pas baignés, et non ! Nous avons marché sur le chemin ainsi que sur la longue plage de sable blanc et doux, profitant des lieux, couverts de grands pins tout le long. Au centre, un petit sanctuaire très joli a bien sûr attiré notre attention. Puis nous avons continué jusqu'au bout de la langue de sable.

 

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En chemin, nous nous sommes arrêtés à un plus grand sanctuaire nommé Kono Jinja, pas spécialement intéressant à mon goût et qui donne une impression de neuf (alors que pas du tout puisqu'il a été construit il y a plus de 2,000 ans de cela, et il est affilié aux sanctuaires de Ise). Le petit jardin et les petits autels sur le côté m'ont néanmoins charmée, et l'ont a pu y trouver une statue d'un homme sur une tortue dont le bout du nez était doré : je ne sais pour qu'elle raison, les japonais viennent et prient devant la statue, et ils caressent plusieurs fois le bout du nez de la tortue, ce qui a donc fait partir la peinture je pense d'où la couleur dorée du nez. Il mériterait de faire quelques recherches concernant cet homme et l'histoire du sanctuaire. Puis nous avons repris la route, marchant dans les petites ruelles avec, sur les bords, des boutiques vendant du poisson, des sardines en boite (la spécialité de Amanohashidate), des glaces, des souvenirs... Nous nous sommes dirigés vers le cable car qui nous mène en haut d'une petite colline et nous permet d'avoir une magnifique vue sur Amanohashidate.

 

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La vue fut... moins belle que sur les photos. La grisaille envahissant les lieux lui faisait perdre de sa beauté. Dommage. Nous avons décidé de faire comme tous les japonais qui viennent à Amanohashidate et qui est devenue une tradition : sur les rebords prévus à cet effet, nous nous sommes tournés dos au paysage et à la langue de sable de Amanohashidate, et nous nous sommes baissés pour regarder ce même paysage la tête entre les jambes : cela donne l'impression que le pont flotte sur l'eau. Bon... Peut-être que le temps n'a pas aidé, mais nous n'avons pas eu la sensation que le pont flottait... Cependant, c'était fort rigolo ! Ensuite, nous avons acheté de toutes petites assiettes de terre cuite qu'il fallait jeter dans un cercle plus loin, vers l'horizon. Aucun de nous 3 n'a réussi et nos petites assiettes se sont écrasées au sol sans passer par le cercle ! Les autres japonais qui essayaient n'y arrivaient pas non plus, un seul me semble-t-il a pu le faire passer. C'était, encore une fois, bien rigolo ! Nous avons ensuite emprunté un escalier nous menant au Nariai Ji, un autre temple situé sur une des collines en haut de Amanohashidate. Il fallait environ 20 minutes, tout à fait correct (sinon il fallait payer un bus), alors nous avons commencé l'ascension... Nous ne savions pas que c'était aussi raide ! On a bien transpiré je peux vous dire que le froid n'existait plus !

 

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(vue d'à l'envers)

 

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Et nous voilà à la grande et belle porte, enfin ! En haut... Il y a de la neige ! C'est super sympa. Nous voyons la grande pagode un peu plus loin, nous continuons l'ascension. Nous arrivons, nous payons à l'entrée, et nous montons (encore) les marches menant au temple.  Je vais vous raconter les histoires de ce temple car cela m'a charmé, il est vrai qu'en général je ne connais que très peu les histoires des temples et sanctuaires car la langue fait défaut et peu sont traduits en anglais, mais les histoires de ce temple pourraient être mes préférées. Devant le temple donc, se trouve une sorte de tourelle qui ne servait pas pour la guerre loin de là, mais qui abrite une cloche. C'est l'histoire de cette cloche.

 

"L'histoire se déroule en 1609. Le prêtre Kenchô voulait réunir assez d'argent afin de remplacer la vieille cloche du temple et d'en créer une nouvelle. Par deux fois, il ne parvint pas à réunir l'argent nécessaire à la réalisation de la cloche, et à son troisième essai, alors qu'il demandait la contribution des habitants des villages alentours, une mère lui répondit qu'ils avaient des enfants à élever et qu'ils ne pouvaient pas se permettre de donner de l'argent pour le temple. Le jour où le métal fut forgé pour la cloche, les gens vinrent voir comment celle-ci était fabriquée, et parmi eux la mère portant son bébé dans ses bras. Par erreur, elle fit tomber son enfant dans le métal en fusion. Lorsque la cloche fut terminée, elle résonna merveilleusement dans toutes les montagnes et jusque dans les proches villages. Mais lorsque les gens l'entendirent, ils eurent l'impression d'entendre le bébé pleurer et appeler sa mère. Les gens ressentirent tant de pitié pour la mère et son enfant qu'ils décidèrent de ne plus jamais la faire sonner, espérant ainsi que l'âme du bébé repose en paix et parvienne à atteindre la paix éternelle. C'est pourquoi la cloche n'a plus jamais été sonnée, et ne le sera jamais. Le nom de cette cloche "Tsukazu no Kane" est basée sur cette légende."

 

Je trouve cette histoire très triste, mais aussi très belle car le fait de ne plus faire sonner la cloche pour laisser l'enfant en paix est vraiment quelque chose de bien. Ensuite, concernant l'histoire du temple.

 

"Un prêtre menait une vie d'ascète dans la montagne et s'entraînait sur la voie du Bouddhisme. Un hiver, la neige fut si profonde qu'aucun villageois ne vint lui rendre visite, il trouva seul de quoi se nourrir. Mais il fut finalement à court de nourriture et fut alors proche de la mort. Il pria et implora le merci du Bouddha du temple afin qu'il lui offre de la nourriture afin qu'il puisse vivre ne serait-ce qu'un jour de plus. A moitié endormi et à moitié éveillé, il trouva une biche sur le sol, à l'extérieur du temple, blessée par un loup. Malgré le fait qu'il soit végétarien, il hésita à manger la viande puisque les prêtres n'ont pas le droit d'en manger. Mais il décida finalement de couper un peu de chair de ses jambes blessées et les fit bouillir pour les manger afin de ne pas mourir. Il mangea donc de la viande malgré le commandement du Bouddhisme interdisant aux prêtres de manger de la viande. Quelque temps après, le temps se réchauffa et la neige fondit. Les villageois recommencèrent à arpenter la montagne jusqu'au temple afin d'aller prier Bouddha, comme à leur habitude. Ils virent alors que les jambes de la statue de bois du Bouddha étaient coupées, et de nombreux morceaux de bois se trouvaient dans la casserole. Ils en informèrent le prêtre qui réalisa alors que Kannon (la Déesse de la miséricorde) s'était sacrifiée pour lui. Utilisant les morceaux de bois, il répara la statue. Mais étrangement, la statue du Bouddha retrouva son image originelle. Deux kanji furent utilisés dans le nom "Nariai" du temple, signifiant que lorsque quelqu'un a besoin d'aide, son voeu sera exaucé s'il offre une prière et exprime son voeu à la statue originelle du Bouddha de ce temple."

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 Voilà pour les petites histoires. Sinon, ce temple fut, à l'origine, créé en 806 après Jésus Christ par le moine Kûkai (je vous laisse faire des recherches, il est très connu) et appartient à la branche Shingon du Bouddhisme. A l'extérieur, on peut trouver une statue de dragon en métal qui fut fondée en 1290 et qui est un des trésors culturel nationaux. La pagode est tout aussi belle, derrière un lac, et lorsque nous sommes retournés sur nos pas elle se reflétait dans l'eau du lac. Je ne vous ai d'ailleurs pas parlé de l'intérieur du temple, de toute beauté, qui est certainement le plus bel intérieur que nous n'ayons jamais vu. La statue est merveilleuse, et de couleur or une statue de la pagode a été recréée devant, avec toutes les décorations dorées tombant du plafond. Nous sommes longtemps restés en extase devant, nous asseyant sur le banc en face et admirant la salle, ainsi que les sculptures de bois du temple. Le moine nous a aussi dit que la vue sur Amanohashidate était merveilleuse sur le chemin de droite, mais nous sommes redescendus car il faisait bien gris et nous savions que cela ne vaudrait pas le coup.

 

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Nous revoilà donc en bas, nous reprenons le cable car pour redescendre après une petite pause dos tourné à la langue de sable pour rire un bon coup. Et direction l'auberge de jeunesse. Après avoir fait un détour inutile, nous l'avons enfin trouvé, en haut d'une montée épuisante. Il n'y a pas grand monde, finalement avec Claire on est seules dans le dortoir, et Edouard est accompagné de deux autres garçons japonais très discrets. Après quelques courses, nous avons mangé dans le salon, au coin du feux, et nous nous sommes presque endormis dans les fauteuils super confortables. Nous nous sommes quand même levés pour un petit billard et une partie de baby foot, et nous avons profité du Furo (bain japonais), il n'y avait que nous, Edouard seul dans sa salle de bain, et Claire et moi sans aucune autre fille. C'était super agréable, bien chaud (très chaud !), nous avons pris notre temps. Puis nous sommes allés nous couchés, après une journée bien chargée, forte en émotions...



27/02/2014
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